Ce cours s’intéresse au travail d’Alvar Aalto en tant que designer, c’est-à-dire, dans son cas, en tant que concepteur d’objets (un peu) et de mobilier (surtout). Mais avouons le dès maintenant, si elle est commode parce qu’elle délimite un champ de production précis et par la même occasion le périmètre de ce cours, cette distinction n’a pas vraiment de sens quand on considère le travail d’Alvar Aalto. Car pour lui, comme pour beaucoup d’autres architectes-designers de cette période, le mobilier et les accessoires d’ameublement faisaient partie de la conception du bâtiment que l’on était en train d’ériger.
« Mes meubles sont rarement, sinon jamais, le résultat d’un design professionnel. Je les ai conçus, pratiquement sans exception, en tant qu’éléments de projets architecturaux…»*
Il dit des pieds de chaises qu’ils sont «les petits frères de la colonne»*
Considérons donc les meubles et les objets qu’il conçut comme un point d’entrée dans un travail prolixe, comme une méthode d’investigation, plutôt que comme une catégorie autonome. Faire cette distinction aurait d’autant moins de sens qu’Alvar Aalto, lors d’un entretien à la télévision finlandaise en juillet 1972, déclare ouvertement se méfier des spécialistes :
« Mes meubles sont rarement, sinon jamais, le résultat d’un design professionnel. Je les ai conçus, pratiquement sans exception, en tant qu’éléments de projets architecturaux…»
Alvar Aalto, Introduction du catalogue de son exposition au grand magasin NK à Stockholm, 1954.
Il dit des pieds de chaises qu’ils sont «les petits frères de la colonne»*
« Ils (les meubles et les objets décoratifs) ont en effet tous été conçus en tant que des bâtiments, jamais comme des objets isolés. J’ai toujours considéré les spécialistes d’un œil un peu sceptique, car la spécialisation revient à en savoir de plus en plus sur de moins en moins de choses. Les lampes et les tableaux sont forcément intégrés dans un cadre plus vaste. Le plus souvent, j’ai été amené à constater, en réalisant tel ou tel édifice public, que certains objets d’ameublement étaient nécessaires afin de compléter l’ensemble, et je les ai alors dessinés. Le fait qu’ils puissent ultérieurement convenir à des usages différents est une autre histoire. »
La Table blanche et autres textes, p. 253.
Aino (Marsio) Aalto, était architecte et designer. Elle fut aussi l’épouse et la collaboratrice d’Alvar Aalto. Elle a sans aucun doute beaucoup contribué à de nombreux projets souvent uniquement attribués à son mari même s’il est toujours difficile de mesurer précisément comment et dans quelle mesure elle le faisait. Plus discrète, elle était aussi plus pragmatique et meilleure gestionnaire
« Aino Marsio, architecte designer, entra au service du bureau d’architecte d’Alvar Aalto en 1924. Peu après, ils étaient mariés et ils travailleront ensemble jusqu’à la mort d’Aino en 1949.
Dans les projets architecturaux qu’ils ont élaborés ensemble, il est difficile de distinguer les contributions respectives d’Aino et d’Alvar Aalto. Leurs créations étaient le résultat d’une conception commune, vraisemblablement fondée sur les idées d’Alvar Aalto. Dans le design d’objet, en revanche, la situation était différente : les époux travaillaient, au moins en partie, de façon indépendante. Ici, les différences dans leur personnalité et les méthodes de travail apparaissent clairement. Alvar Aalto était impulsif — fascinant, certes, mais parfois aussi exaspérant. La même impulsivité se reflète dans les objets qu’il a conçu. Aino Aalto était tout l’opposé : d’une volonté forte et fondamentalement terre à terre. Comme femme, comme mère et comme directrice d’Artek, elle était une stricte réaliste. Dans son travail, elle appliquait les principes modernistes qui prônaient la simplicité et le caractère pratique avec une perception aiguë de la conscience sociale. »
« Alvar Aalto et l’art du verre », Alvar Aalto designer, p. 135.
De l’éclectisme au modernisme
Le début des années 30 : connus et reconnus
Le sanatorium de Paimio (1933)
Matériaux et expérimentations
La lumière
Le verre
Textes liés
Alvar Aalto, Sur la Materia, 1970
Alvar Aalto, À propos du sanatorium de Paimio, 1940
Alvar Aalto, Le Problème du logement, 1930
Victor Margolin, Les Aalto et Artek
Bibliographie
Alvar Aalto designer, Gallimard, 2003.
Alvar Aalto, Second Nature, Catalogue d’exposition, Vitra Design Museum, 2014.
Alvar Aalto, La Table blanche et autres textes, Éditions Parenthèses, 2012.
Aalto. Architecture and Furniture, Catalogue d’exposition, MoMA, 1938.
Alvar Aalto. Furniture and Glass, Catalogue d’exposition, MoMA, 1984.
Alvar Aalto. Between humanism and materialism, MoMA, 1998.
Marianna Heikinheimo, Architecture & Technology, Alvar Aalto’s Paimio Sanatorium, Doctoral Dissertation, Aalto University, 2016.
Asdis Ulafsdottir, « Les Meubles d’Alvar Aalto : leur diffusion internationale (1920-1940) », Un Art sans frontières, Éditions de la Sorbonne, 1995.
Voir aussi, les ouvrages écrits par Goran Schildt.